L’exploitation de l’or en Limousin semble avoir commencé voilà près de 2500 ans. Les actuels départements de la Haute-Vienne, de la Corrèze et de la Dordogne étaient parsemés de plusieurs milliers de chantiers. Exploitations à ciel ouvert, sous forme de tranchées, appelées aujourd’hui « aurières » et caractérisées par des fosses plus ou moins profondes et plus ou moins longues bordées de levées de terres formées par les remblais produits lors de l’extraction.
Exploitation de l’or en Limousin des Gaulois à nos jours
400 ans avant notre ère, nos ancêtres les Gaulois
Les travaux s’approfondissaient parfois en souterrain par des galeries étroites comme le prouvent les vestiges recoupés par les travaux contemporains et par les recherches menées par les archéologues.
Malgré les moyens rudimentaires dont disposaient les mineurs de l’époque, les travaux descendaient parfois à plus de 40 mètres sous la surface comme le prouvent les galeries retrouvées au début du XXe siècle à la mine de la Fagassière près de Château-Chervix en Haute-Vienne. Les recherches récentes des archéologues font remonter ces travaux à l’an 400 av J.-C.
La production des mines d’or du Limousin sous l’Antiquité reste très difficile à estimer, elle varie selon les auteurs de 10 à 20 tonnes, certains envisagent 500 tonnes (orpaillage compris).
L’arrivée des armées romaines correspond au déclin de l’activité minière en Limousin et il faudra attendre le Moyen Âge pour constater un regain d’activité dans ce domaine, sous l’impulsion de Saint-Éloi, saint patron des orfèvres et des forgerons, natif de Chaptelat, près de Limoges et propriétaire de plusieurs domaines traversés par quelques rivières dont les alluvions riches en or ont été exploités par orpaillage.
Cette reprise temporaire d’activité est toutefois sans commune mesure avec l’activité des Gaulois sous l’Antiquité.
Période contemporaine
1905 – ruée vers l’or en Limousin
L’or du Limousin aurait très bien pu rester à jamais dans l’oubli sans la curiosité de l’Ingénieur des mines Ernest Mallard, qui découvrit et identifia l’origine de ces fosses qui jalonnaient la campagne limousine. Dès 1866, l’ingénieur émit l’hypothèse de l’existence d’ancienne mines d’or antiques. Il s’appuyait notamment sur la toponymie de certains lieux : Laurence, Laurière, Lauriéras, … qui correspondaient la plupart du temps à des secteurs où les excavations étaient nombreuses. La publication de ses recherches et de ses constatations dans un numéro des Annales des mines n’eut toutefois pas d’effet immédiat.
Il fallut attendre les premières années du XXe siècle avec la découverte, en 1903, du gisement aurifère de la Lucette en Mayenne et, en 1905, des filons du Châtelet en Creuse pour que se déclenche une véritable ruée vers l’or en Limousin. Chaque explorateur ayant en poche la note de Mallard publiée 40 ans plus tôt.
Outre la mine d’or du Chatelet qui fut mis en exploitation en 1905 produisant 11 tonnes d’or entre 1905 et 1955, les recherches s’orientèrent vers trois secteurs du département de la Haute-Vienne et de la Creuse principalement : la région de Saint-Goussaud en Creuse, les Monts d’Amabazac et le secteur de Saint-Yrieix-la-Perche en Haute-Vienne.
Entre 1905 et 1914, 45 demandes de concessions pour « mispickel aurifère » furent déposées, 15 furent accordées, aboutissant à l’exploitation industrielle de cinq gisements principaux :
- La Petite-Faye près de Chamborand (Creuse)
- Champvert, près de la Porcherie (Haute-Vienne)
- La Fagassière, près de Château-Chervix (Haute-Vienne)
- Beaune-les-Mines (Haute-Vienne)
- Chéni-Nouzilléras (Haute-Vienne). Ce secteur exploité entre 1920 et 1945 sera le plus important de par ses installations et sa production de l’ordre de 7500 kg d’or.
1960 - Regain d’intérêt du secteur de Saint-Yrieix-la-Perche
En 1959, le BRGM réalisa l’inventaire des ressources minérales du district de Saint Yrieix la Perche (Haute-Vienne). Ces travaux aboutirent en 1961 à la mise en évidence de la structure aurifère du Bourneix située sur la commune du Chalard et à la découverte, en 1966, de la lentille de « Cros-Gallet ».
En 1968 fut créé un syndicat de recherche associant le BRGM, la Compagnie Royale Asturienne des Mines, la Société des Mines du Châtelet et la compagnie EWOTO (wolfram du Tonkin). Un permis exclusif de recherche fut accordé le 5 décembre 1973 toutefois, les conditions économiques du moment (cours de l’or entre 10 000 et 16 000 F le kg en 1973) ne permirent pas la mise en exploitation du gisement.
En 1974, la Société Minière et Métallurgique Penarroya (SMMP) prit le relais des associés défaillants (EWOTO et Châtelet) dans le syndicat, la CRAM se retira en 1977 laissant seul la SMMP avec le BRGM.
En 1975, les travaux de recherches reprirent à Cros-Gallet, une descenderie de 320 mètres de long fut creusée jusqu’au niveau – 80, permettant de confirmer la poursuite de la minéralisation en profondeur.
En 1977 la validité du PER fut prolongée au profit de la SMMP.
En 1979, à la faveur d’une hausse brutale des cours de l’or, SMMP prend la décision de mettre en exploitation le gisement de Cros-Gallet.
1980 - Renaissance de l’industrie aurifère
Au mois d’août 1980, la société COFRAMINE, filiale du BRGM se substitua à celui-ci pour créer une société en nom collectif, la « SNC Le Bourneix », dont 68,75 % des parts étaient détenues par la SMMP et 31,25 % par COFRAMINE. Ce même mois d’août 1980 une demande de permis d’exploitation est déposé par le directeur de la SMMP, Bernard de Villemejane.
En 1981 débutèrent le creusement des infrastructures minières et la construction d’une usine de concentration de minerai.
Le 20 mai 1982 le permis d’exploitation du Bourneix était accordé pour une durée de cinq ans. Il portait sur une superficie de 27,4 km² couvrant les communes de Ladignac, La Meyze, le Chalard et Jumilhac-le-Grand en Dordogne. Au même moment, l’usine de traitement des minerais produisait ses premières tonnes de concentrés sulfurés aurifères au mois de juin.
De juin 1982 à mars 1988, avec un effectif de 60 personnes la Société « Le Bourneix » va extraire :
- 3 000 kg d’or à Cros-Gallet
- 60 kg d’or aux Renardières
- 300 kg d’or à Lauriéras
Le 1er avril 1988, la Compagnie Générale des matières nucléaires (COGEMA) racheta les actifs de la SMMP et de COFRAMINE, devenant propriétaire de la SNC Le Bourneix qui prit alors le nom de Société des Mines du Bourneix (SMB), filiale de COGEMA.
Dès 1988, la « Mission Limousin » de COGEMA entreprit un important programme de sondages sur le site de Cros-Gallet, mais aussi sur toutes les cibles potentielles de la région. Très vite le potentiel exploitable augmenta considérablement.
Les découvertes portaient sur l’extension des gisements connus (Cros-Gallet, Lauriéras, Renardières) mais aussi sur de nouvelles lentilles minéralisées découvertes aux Fouilloux, à Mas-Vieux, à Lauriéras, à Chéni, à Fau-Marié, à La Fagassière…
Avec l’augmentation de la production, les capacités de l’usine s’avérèrent très vite limitées. La construction d’un nouvel atelier de broyage et de flottation fut lancée avec une mise en service fin 1989, cet ensemble fut complété deux ans plus tard par un atelier de traitement des concentrés par cyanuration.
Dès lors, la société connut un développement rapide de ses capacités d’extraction et de traitement des minerais, sans cesse améliorées par de nouvelles technologies. De 60 000 tonnes de minerai par an, la capacité de l’usine passa à 325 000 tonnes pour produire en moyenne 2 000 kg d’or par an entre 1992 et 1996 avec un pic de production de 2 200 kg en 1995. Pendant cette période une centaine de personnes furent employées par la SMB.
Face à la baisse des cours de l’or, intervenue à partir de 1996, l’amélioration de la productivité devint vitale pour permettre à la SMB de maintenir son activité. Elle bénéficia heureusement de la richesse exceptionnelle des chantiers de Cros-Gallet F1 en mine à ciel ouvert et de Lauriéras Puits Roux en mine souterraine.
Malgré de bonnes teneurs, la taille réduite des gisements et la baisse continue des cours de l’or rendirent la situation de la société de plus en plus difficile et malgré des efforts de recherche constants, les nouvelles découvertes s’avérèrent insuffisantes pour renouveler l’exploité. La production fut revue à la baisse afin d’économiser les gisements et donner un peu plus de temps aux géologues pour trouver de nouvelles ressources exploitables mais les recherches n’aboutirent pas.
En 1999, la décision fut prise de mettre fin aux travaux d’exploration, les réserves étaient désormais figées et l’arrêt de l’extraction fut programmée pour juin 2001.
En vingt ans d’activité, de 1982 à 2001, la Société le Bourneix, puis la SMB produisirent 3 860 512 tonnes de minerai contenant 28,4 tonnes d’or et 10,3 tonnes d’argent.
Quelques références
Ouvrage de référence pour une information approfondie sur l’histoire des mines d’or en Limousin : P-C Guiollard, 1991.
Les mines d’or du district de Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne).
Histoire et renaissance de l’industrie aurifère en Limousin, P-C Guiollard, auteur-éditeur, Pau, 146 p.
Lieu de référence pour une découverte passionnante de l’histoire de l’or en Limousin, la Maison de l’Or en Limousin, située sur la commune du Chalard, au cœur du district aurifère de Saint-Yrieix-la-Perche en Haute-Vienne, fait revivre ces 2500 ans d’histoire de l’or en Limousin, des Gaulois à nos jours.
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© Crédits photos : P-C Guiollard, Maison de l’or